La rupture est toujours une épreuve. La rupture est une cassure, une fracture ; elle est comme une maladie ! Il faut se soigner, avec la certitude que l’on guérit un jour mais que cette rupture laissera des cicatrices indélébiles. Pour se remettre il est nécessaire de faire un travail sur soi, de comprendre qui l’on est soi-même, comment et pourquoi on en est arrivé là. Ce travail se fait lentement et avec l’aide des autres – psychologue, psychiatre, prêtre, amis, groupe de partage…. Il faudra du temps, il faudra retrouver ou trouver la confiance en soi, en la vie, reconnaître que l’on s’est trompé soi-même, que l’on a sans doute trompé l’autre aussi, mais aussi que l’on a des qualités, que la vie ne s’arrête pas avec cette rupture mais qu’elle continue autrement. Que l’on est encore capable d’aimer et d’être aimé. 

 

Dans un premier temps, on pourrait être tenté de s’enfermer et de se replier sur soi sous le choc de la rupture, soit par honte de l’échec, soit par crainte de charger de ses problèmes ses proches et ses amis. Pourtant leur amitié, leur aide matérielle et leur affection peuvent être bienfaisantes pour survivre et ne pas trop « perdre les pédales ». Chaque séparation ou rupture nécessite un processus s’apparentant à celui du deuil. Un psychologue (ou tout livre sur le sujet) peut expliquer les cinq étapes à traverser (selon Elisabeth Kübler-Ross). 

Une idée claire de vos propres sentiments – et de ceux de vos enfants – peut être salutaire pour bien les gérer et arriver à les maîtriser. La déception de l’échec et la douleur des blessures provoquent souvent de la révolte, de la colère et de la rancune qui peuvent engendrer des sentiments de culpabilité et de dépression. Si l’on comprend que tout cela fait partie de cette sorte de « deuil » que l’on traverse, c’est déjà ça ! 

Il est bien évident pourtant que l’analyse et la compréhension de ses sentiments – si salutaires soient-elles – ne dissipent pas le malaise qui s’est installé dans le cœur. Comment guérir alors ? Par l’Amour! L’Amour qui prend patience, qui supporte tout, qui pardonne tout, qui comprend tout et ne passe jamais (1 Cor 13). Celui ou celle qui se sent trahi(e) ou abandonné(e) par son « plus proche prochain » prend amèrement conscience de l’imperfection et des limites de l’amour humain… Il n’y a que l’Amour divin qui peut guérir l’homme blessé par le péché de l’autre ou de soi-même. C’est pour cela que Jésus s’est fait homme et est venu nous sauver. « Ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. » (Mc 2,17) dit Jésus. Ou encore : « Venez à Moi vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et Moi je vous donnerai le repos » (Mat 11,25). Malheureusement l’homme ne prend souvent conscience de son profond besoin d’un Dieu Sauveur que quand tout s’écroule et qu’il reste le cœur et les mains vides. Il est vrai que souvent le vide est un tremplin vers Dieu. Parce que c’est là qu’Il nous attend !… Quelle grâce de découvrir avec le fils prodigue que le Père guettait déjà notre retour : « Le père l’aperçut et fut pris de pitié ; il courut se jeter à son cou et l’embrassa tendrement… »(Luc 15,20) 

Mais il faut du temps pour se laisser profondément imprégner de cette Tendresse qui va nous guérir et transformer tout notre être. Je dirais même qu’il faut PRENDRE du temps pour se laisser doucement défaire de tout ce qui nous bloque et nous empêche de nous abandonner à l’Amour divin qui nous guérit et qui nous sauve. Et qui nous comble… surabondamment !… Moi-même, j’ai eu la grâce de le découvrir grâce à plusieurs retraites ignatiennes avec accompagnement spirituel personnel 

Je suis divorcée depuis 25 ans et ne peux que témoigner que Dieu m’a sauvée et m’a comblée. Grâce à son Amour je me suis épanouie au-delà de ce que j’aurais pu imaginer, et j’ai reçu la grâce de rester fidèle à l’alliance avec mon mari devant le Seigneur, dans la joie et dans la paix du cœur.

 

Malgré la banalisation du divorce, cela reste très souvent une cruelle épreuve pour l’époux qui ne l’a pas souhaité. Sentiment d’échec, d’abandon, difficultés matérielles, financières, éloignement des enfants dus aux différents modes de garde, ces difficultés amenant à la dépression. 

Un temps de deuil parfois long est à prévoir.

Il est nécessaire de se faire aider, d’exprimer sa souffrance, de ne pas rester isolé, de redécouvrir ses talents et de les faire fructifier.

Ne pas s’isoler mais bénéficier de la bienveillance de son entourage, des amis, des frères et sœurs en Christ, et ainsi redécouvrir que Dieu est tendresse, même pour les personnes divorcées. Réinventer sa vie comme une réponse personnelle à l’appel de Dieu. Puiser en Lui, progressivement, l’énergie utile pour relire son histoire. Cela prend du temps. Dieu est fidèle : Il est présent, particulièrement dans les heures difficiles. Apprendre, du regard que Jésus porte sur nous, le regard que nous devrions porter d’abord sur nous-mêmes, puis sur les autres…