Certaines personnes sont célibataires par choix tandis que d’autres le sont par défaut : elles n’ont pas trouvé l’ « âme-sœur ». Doit-on en déduire que les unes ont trouvé leur vocation : être célibataire, tandis que les autres seraient dans une sorte de « no man’s land » en attendant que l’appel se fasse entendre ? Mais le célibat peut-il être considéré comme une vocation ? Et lorsqu’on est célibataire « par défaut » et chrétien, n’est-on pas soumis à une « double peine » : celle de subir cet état de vie sans l’avoir choisi et celle d’avoir du mal à trouver sa place au sein de l’Eglise faute d’avoir trouvé sa vocation ?

 

Qu’est-ce qu’on entend par « vocation » ?

Quand on est croyant, ce mot est souvent compris dans un sens restreint, notamment quand on se demande quelle est sa vocation. On tente alors de discerner à quelle vie Dieu nous appelle en se focalisant sur deux possibilités : le mariage ou la vie consacrée. C’est oublier le sens premier de la vocation, celui du baptême qui nous appelle à vivre de la vie de Dieu. Toute vocation particulière prend sa source dans cette vocation d’enfant de Dieu reçue au baptême. Et si l’on dit que « Dieu a un projet pour chacun de nous« , cela ne veut pas dire qu’il décrète qu’un tel devra se marier et que tel autre devra rester célibataire. Il n’a pas fait de l’homme un robot mais lui a donné la liberté, la capacité de construire sa vie.

 

La notion de vocation existe également dans un sens profane en tant qu’inclination, mouvement intérieur par lequel on se sent attiré par tel ou tel métier ou mission : la médecine, l’humanitaire, la politique… Ces exemples sont fréquemment donnés car ils montrent bien que ce n’est pas tant la fonction en elle-même qui est recherchée que ce vers quoi elle tend : soigner, se mettre au service des autres, de son pays… C’est cette finalité qui est la vocation à laquelle on se sent appelé, la fonction n’est qu’un moyen pour y parvenir.

 

 Ne pas confondre vocation et état de vie

Dans cette perspective, le célibat n’est pas une vocation car il n’est pas une fin en soi : même si on l’a choisi, c’est un état de vie qui n’est pas une fin mais un moyen pour permettre d’atteindre ce vers quoi on tend. Certains peuvent vouloir rester célibataire afin de préserver leur indépendance et ne rien devoir à personne, d’autres choisiront le célibat car il leur permettra d’être plus disponibles pour s’engager dans une action humanitaire. Le célibat sera le même moyen choisi dans ces deux cas pour tendre vers deux finalités pourtant tout à fait différentes.

 

Quand à ceux qui ne l’ont pas choisi, le célibat ne les empêche en rien de chercher leur vocation : « Vers quel but est-ce que je veux orienter ma vie ? » Et ceux qui sont chrétiens pourront se demander : « Comment puis-je servir l’Eglise en tant que célibataire ?  » Parmi eux, certains se sentiront peut-être appelés à s’unir de façon particulière à Dieu à travers ce qu’on appelle le « célibat consacré » : ici encore, ce n’est pas le célibat qui est la vocation, il n’est qu’un moyen, un état de vie permettant d’être plus disponible pour se mettre au service des autres, pour célébrer les sacrements ou pour prier pour le monde…