La puberté est une véritable révolution qui amène un enfant à quitter un monde connu et protégé pour entrer dans un univers inconnu et instable où il subit des changements tous azimuts parfois angoissants. Ces bouleversements corporels sont accompagnés de mutations psychologiques et identitaires qui font entrer le jeune dans l’adolescence et son cortège de revendications en tout genre. Le jeune se trouve alors dans une situation très inconfortable, marquée par un désir ambivalent qui oscille entre deux pôles : garder la sécurité qui caractérisait son enfance et prendre son envol en acceptant justement de perdre cette sécurité. Cette ambivalence le place dans un équilibre précaire et instable, un peu comme si ses pieds prenaient respectivement appui sur deux barques flottant sur l’eau et s’éloignant tout doucement l’une de l’autre…
Anticiper, annoncer et répondre à ses questions 
Les parents ont donc un rôle crucial : accompagner leur adolescent à vivre le mieux possible cette traversée de la puberté. Cela présuppose d’accepter de voir son enfant grandir, et même de l’anticiper afin qu’il ne soit pas trop surpris par ce qui lui arrive. Une jeune fille qui a ses premières règles sans jamais en avoir entendu parler peut s’en trouver paniquée et un garçon qui s’interroge sur les premières éjaculations nocturnes peut ressentir une forme de honte et en parlera difficilement. Aussi, il est important d’annoncer à un enfant, de façon adaptée à son âge, ce qui va survenir durant la puberté, quand et comment cela se manifestera, et combien de temps cela prendra.
L’idéal est que la mère aborde ces questions avec sa fille et le père avec son fils. Ayant vécu eux-mêmes ces changements, ils seront sans doute plus à l’aise pour en parler et le feront de leur place d’homme ou de femme, donnant à voir à l’enfant l’aboutissement du processus pubertaire propre à leur sexe. Il faut veiller à utiliser des mots adaptés à l’âge de l’enfant. Par exemple, avec un préadolescent, on évitera les sobriquets ou « petits noms » pour utiliser les termes médicaux. On peut s’aider de livres abordant ces questions ou même les lire avec eux, ou encore les laisser traîner chez soi… ils ne tarderont pas à être lus…
Il est important de répondre de façon ajustée aux questions posées, sans aller plus loin que ce qui peut être entendu et en respectant l’intimité de l’enfant. Parfois, il faut décoder ce qui l’inquiète vraiment mais qu’il n’exprime pas toujours de façon directe. On peut vérifier auprès de lui, en reformulant sa question, si c’est bien cela dont il veut parler et, après y avoir répondu, lui demander s’il a encore des interrogations.
L’accompagner tout en respectant une progressivité 
Etre parent d’un adolescent qui vit la puberté, c’est un peu comme être chef d’orchestre : il ne faut pas aller plus vite que la musique ! Il y a des signaux à donner, des tempos à indiquer, des notes à déchiffrer avec eux… mais en avançant à leur rythme. Certaines filles sont déjà formées dès le CM2, et une grande partie d’entre elles le sont en 6ème : cela ne fait pas d’eux des jeunes de lycée. Leur permettre de s’habiller et de se maquiller en véritables « Lolitas » peut être flatteur, mais peut-on à cet âge assumer le regard sexualisé que cela induirait sur elles ? Un garçon qui commence à avoir du mal à trouver le sommeil, un des premiers signes de la puberté, ne doit pas se coucher à minuit tous les soirs pour autant… De même, répondre aux questions sur la sexualité ne signifie pas donner une description détaillée de tout ce qui peut se faire dans le domaine sexuel !
Par contre, la présence d’un parent auprès de soi pour certaines étapes de la puberté peut être précieuse pour un adolescent : une mère qui accompagne sa fille pour acheter son premier soutien-gorge, un père qui va choisir un premier rasoir avec son fils, un cadeau offert lors des premières règles… Cela permet de ritualiser ces moments pour mieux les marquer comme des étapes de passage, comme une « promotion ».
Respecter son intimité, le rassurer et le valoriser 
A partir de la puberté, le corps se génitalise, aussi, il devient important de respecter sa pudeur et son intimité en veillant notamment à ce qu’il puisse s’enfermer dans les pièces d’intimité comme la salle de bains, en frappant à sa porte avant d’entrer dans sa chambre et en évitant de parler devant toute la famille de ce qui relève de l’intimité de chacun.
Avec les changements corporels, l’adolescent peur se sentir complexé, aussi, il est important d’éviter toute moquerie et de continuer à les valoriser et à les aider à gérer leur rapport à l’image corporelle. Des parents trop soucieux pour eux-mêmes de leur propre image ou facilement moqueurs vis à vis des autres mettront inconsciemment l’estime de soi de leur enfant à dure épreuve…
Donner du sens à ces changements
Enfin, dans cet accompagnement, les parents aideront particulièrement leur enfant s’ils lui indiquent la finalité de la puberté, ce qu’elle vient opérer : ces changements corporels font d’un garçon un homme et d’une fille une femme, ils amorcent la lente maturation sexuelle de leur corps et leur donne la capacité de donner la vie. Rien de moins !